Indéniablement, cette journée semblait s'achevait merveilleusement bien. Elle qui avait commencé si banalement avait fini par se pimenter à partir du moment où mes pas m'avaient guidé jusqu'à ceux de Dwight. Dwight Arlington. Rien que ce nom me faisait pas frissonner et serrer les dents. Irrévocablement, mon regard ne devenait qu'une boule noire, chargée d'une haine sans limite, que je n'osais plus retenir. Je le haïssais, et c'était réciproque. Et pourtant, cela n'avait pas toujours été comme ça, oh que non. Bien que cela puisse me surprendre, il fut un temps où Dwight et moi étions souvent ensemble. Unis pour chambouler le monde, unis pour le dominer. Dwight était puissant, et j'étais inexorablement attirée par son aura dévastateur. L'ambition me poussait à faire tout ce qu'il me demandait, sans me poser de question. « Pour notre but ultime Olympe, pour notre but ultime. » me répétait-il sans cesse. Et je m'exécutais, comme un vulgaire pion. Oui, un pion, une marionnette. Et je semblais ne me rendre compte de rien. Mais toute marionnette finit toujours par découvrir les fils qui la retiennent. Le masque tomba, le rideau fut tiré. Fin du spectacle.

Comment ai-je découvert que j'étais manipulée ? Par la plus simple des manières : la trahison. Cette trahison apparut un soir où je me jetais dans ses bras, pleines de désirs et d'attentes. Moi, la catin, désirée me plonger une fois de plus dans la luxure, allant jusqu'à me prosterner à ses pieds. Et qu'ai-je eu en retour ? Rien. Un rire, un regard dédaigneux. Et pourquoi ? Parce que je n'avais pas fait assez rapidement le foutu travail qu'il m'avait demandé. Il ne se rendait pas compte de la difficulté de la chose. L'amour est un atout puissant et aléatoire, et il faut d'autant plus le manier avec habilité, et faire preuve de patience. Dwight ne l'était visiblement pas. Je venais d'obtenir un refus, le premier de ma vie. Cela aurait pu arriver à n'importe qui, mais pas à moi. Je ne suis pas n'importe qui. Personne ne me résiste, c'est un fait que j'ai constaté depuis que je suis née. Mais lui... Lui, il l'avait fait. Il m'avait rejeté comme jamais un homme ne l'avait fait. Mon égo en prit un sacré coup. Alors ne brula en moi plus que la haine et le désir de vengeance. Dwight m'a sous-estimé, à son plus grand malheur. Il a cru pouvoir me manipuler sans que je ne me rende compte de rien, il a cru pouvoir me dompter. Mais cela ne pouvait pas marcher à long terme, car tôt ou tard la vérité finit par éclater.

Si il a bien une chose que Dwight aurait du savoir, c'est qu'il ne faut pas être mon ennemi. Car mon pouvoir dépasse tout ce qu'il pouvait penser. Dévastateur pour qui sait aimer. Il peut briser une personne, littéralement. Car rien n'est plus fort que l'amour. Et qui sait manier ses tissus sait contrôler le monde. Dwight n'échappait pas à la règle : il aimait. Il aimait une femme qu'il ne pouvait pas avoir. Une femme, Isobel, qui aimait un autre. Mon rôle avait été de manipuler son homme, Stefan, pour qu'à la fin Dwight puisse le tuer, et avoir cette femme pour lui seul. Mais il s'était trahi trop tôt.

Guidée par la vengeance qui m'aveuglait, j'avais décidé de contrecarrer les plans de Dwight, de lui mettre des bâtons dans les roues, qu'il se rende compte de l'importance que je représentais dans ses plans. Dwight est prévisible, à la longue. Et lorsqu'il tua Stefan sans scrupule, il fut aisée pour moi de maudire Stefan à mon tour pour ensuite le ressusciter, avec comme avantage le gain de pouvoir, le faisant devenir démon. Un démon qui à la longue pourrait battre haut la main ce cher Dwight. Sacré retournement de situation, non ? Quelle tête Dwight avait fait en apprenant la nouvelle en cette fameuse fin de journée. C'était jouissif, délicieux. La cerise sur la gâteau avait été ses pseudos menaces. Le pompon, la vengeance dont j'aspirais depuis de si longues journées qui portaient enfin ses fruits. Mais cela n'était qu'une partie de mon plan, mon but suprême était tout simplement la disparition de Dwight. Pour toujours. Un allé sans retour pour les Enfers, la seule chose qu'il méritait.

Je me sentais légère, heureuse. Je m'étais laissée guider par mes pas, droit vers ce petit café où j'avais rendez vous avec Stefan, avec pour envie de partager son lit, comme nous avions pris l'habitude de le faire depuis de nombreux mois. Mais il était en retard. Mon regard se déplaçait avec agacement sur mon montre. 5 minutes, 10 minutes... Je n'avais pas l'habitude d'attendre, c'était plutôt les hommes qui m'attendaient. Je soupirai, agacée. Je n'aimais pas cette situation. Et je l'aimai encore moins lorsque mon regard aperçu la silhouette svelte de Stefan en pleine conversation avec une autre femme. Une femme qui se prénommait Louve, j'avais fait ma petite enquête sur son compte. Une banale humaine, qui semblait être entichée à Stefan. Impulsivement, je serrai les poings, mon regard s'obscurcissant. On aurait dit un parfait petit couple. Un couple... Et puis quoi encore ? Je ne pouvais le supporter. Je crevais de jalousie à les voir ensemble. Mon égoïsme et ma possessivité me poussaient à garder Stefan pour moi toute seule. Les voir tous les deux me déchirait, incendiait mon cœur. Et oui, Cupidon, semblait s'être pris sa propre flèche, un comble, n'est-ce pas ? Rageusement, je me levai de mon siège, produisant un grincement atroce. Cette peste venait de me gâcher cette journée qui semblait si bien commencer. Moi qui voulais profiter du merveilleux couché de soleil en sirotant un cocktail dans les bras de mon amant ponctuel, c'était loupé. Mes talons claquaient contre les dalles à mesure que je m'éloignais du café. Une dernière fois je me retournai pour regarder le couple, avec un haussement d'épaules. Profite bien, petite humaine, de cette amour naissant. Développe le encore un peu, histoire que la rupture soit encore plus douloureuse.

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